ARCHIVES – ÉDITION 2020

Edito

Voyons voir !

 

Le Zen est « l’esprit de tous les jours  (…)
et cet esprit de tous les jours n’est pas autre chose que de dormir quand on a sommeil,
manger quand on a faim ».
Dès que nous réfléchissons, délibérons, conceptualisons, l’inconscience originelle se perd et une pensée s’interpose.
Nous ne mangeons plus lorsque nous mangeons, nous ne dormons plus lorsque nous dormons.
La flèche a quitté la corde, mais elle ne vole pas directement vers la cible, et la cible n’est plus où elle est.

D T Suzuki, dans E. Herrigel,
Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc. 

Comme souvent ce qui semble le plus simple s’avère compliqué ! Réaliser une action quelle qu‘elle soit pour elle-même et seulement elle-même, se révèle un enjeu, dans notre système occidental, démesuré. Au-delà de nos forces et habitudes. A cet endroit pourtant, le spectacle vivant, et plus encore la danse, permettent au spectateur d’atteindre un état de perception qui se suffit à lui-même, plus, qui nécessite ce lâcher prise du terrible mental… Car devant les corps en mouvement la raison s’affronte, se hérisse parfois, se rebelle ou décide violemment de refuser le chorégraphique. Celui-ci s’ingénie en effet à demander, à rappeler aussi, une attitude sensible pour qu’advienne le sens bien sûr mais, surtout, allais-je dire, la présence qui n’autorise à son dévoilement que dans la suspension du jugement, des attentes. Simplement, le slogan pourrait être : voyons voir ! Et la flèche arrivera là où elle va.

Cette édition 2020 de Faits d’hiver espère offrir les conditions de rencontres inédites et pertinentes. Inédites, certainement, car pas moins de douze créations sont prévues (un record), grand et petit format, de chorégraphes bien connus ou à découvrir, jeunes ou vieux. Pertinentes car de nombreux projets sont emprunts d’approches sociologiques ou politiques, façon danse bien sûr. Cette attention renouvelée à l’entour marque le travail de nombreuses pièces contemporaines. A chaque fois, plus qu’un constat qui ne s’avérerait qu’alarmiste, inquiétant ou péremptoire, il s’agit de requalifier l’humain, le corps, les espaces à vivre, à partager. D’humbles utopies. Des environnements recréés. Des sociabilités vivifiées. Tel un laboratoire, la danse contemporaine travaille le vivant dans toutes ses parcelles, ses éclats et manifestations. Voyons voir ! Enfin, Faits d’hiver poursuit avec conviction et un certain entêtement, je l’avoue, son parcours dans Paris et la proche banlieue, douze étapes, dans de grands théâtres et d’humbles lieux. Cette riche mixité permet aussi d’écouter justement ces projets divers dans des espaces adéquats, révélateurs.

Pour 2020, l’invitation est donc claire : voyons voir ensemble l’instant dansé.

Christophe Martin

Faits d’hiver 2020

22 ème édition
du 13 janvier au 8 février 2020 

12 lieux • 34 représentations • 11 créations

 

Bernardo Montet

Mon âme pour un baiser*

Teresa Vittucci

Hate Me, Tender

Brumer – Gaudin – Pubellier

Non, pas toi !*

Thomas Chopin

Le Charme de l’émeute*

Nach

Beloved shadows*

Leïla Ka

C’est toi qu’on adore*

Cindy Van Acker

Speechless Voices

Valeria Giuga

Rockstar*

L. Eddé Khouri & C. Macé

Structure-couple: BAKSTRIT

Camille Mutel

Not I*

Yumi Fujitani

Aka-Oni*

Lenio Kaklea

Encyclopédie pratique. Détours*

Christine Armanger

MMDCD*

Sarah Crépin & Étienne Cuppens

Solo OO*

Georges Appaix

XYZ ou comment parvenir à ses fins*

Daniel Linehan

sspeciess

première en France

 

Bernardo Montet

Blitz 4ème édition – Carte blanche noire

dans le cadre du programme Duo(s) – SACD