Retour sur Faits d’hiver 2018

 

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Edito

« Or quelle différence entre l’écart et la différence ? Tandis que la différence laisse chacun des termes de son côté
(dans son en-soi et sa propriété), l’écart — à travers la distance ouverte — met en tension ce qu’il a séparé. »

 

Ces mots de François Jullien (1) résonnent particulièrement pour la danse. Dans son essence même, dans sa tentative en acte de relier, de mettre en regard, d’habiter l’entre des corps, l’espace. Le sous-titre de son ouvrage, « présence opaque, présence intime », nous approche encore un peu plus du cœur de la question, de notre souhait, avouons-le. Comment poser l’art chorégraphique auprès du public, dans toute son originalité et sa pertinence ? Comment rendre la relation riche et active, énergisante et profonde ? Jamais encombrée, trouble ou obscurcie, ennuyeuse, banale.

Ainsi chaque festival depuis 20 ans — oui, nous fêtons cet anniversaire en 2018 ! — relance l’interrogation et tente d’y répondre, à sa manière. Par la diversité des lieux de diffusion, des partenaires, des univers artistiques, par la fidélité et la confiance aux chorégraphes, par l’ouverture à des événements connexes, par, tout simplement, l’envie puissante, intacte, du partage.

 

Cette année, 10 lieux de diffusion, 34 représentations. 8 créations, 2 premières à Paris, un nouveau lieu de diffusion partenaire : La Gaîté lyrique ; un événement exceptionnel avec Béton salon, La Cité internationale des arts et la Fondation Carasso : nous ne sommes pas le nombre que nous croyons être, qui durera 36 heures d’affilée ! ; une très belle série avec le Tarmac pour 8 représentations de la création d’Olé Khamchanla et Pichet Klunchun…
2018 exprime bien ce que nous recherchons : l’accompagnement de certains jeunes artistes sur plusieurs années (Camille Mutel, Arthur Perole), la diffusion d’autres plus reconnus mais rares à Paris (Yuval Pick, Joanne Leighton, Lionel Hoche), l’ouverture à des propositions artistiques plus originales (Blitz, Témoignage d’un homme qui n’avait pas envie d’en castrer un autre…). L’ensemble soutenu par une conception de la danse contemporaine ouverte, sensible aux projets mêmes, à l’écriture des spectacles et à leur interprétation.

 

Nous avons donc 20 ans. Et bien soit ! Mais nous ne commémorons pas. Certes, la dernière date du 17 février adresse une invitation à la fête partagée mais sous le jeu artistique d’Arthur Perole à la Conciergerie, et, bien sûr, nous éditons un livre (2) qui témoigne de ce cheminement particulier avec la danse contemporaine dans Paris.

 

Alors, tenir la distance, dans tous les sens du terme, pour laisser respirer. Pour signer une présence au monde pleine d’égard et de bienveillance, qui laisse la possibilité de l’avènement, de la surprise, de l’émotion juste et de l’intimité.

 

Christophe Martin

1- François Julien, Près d’elle, Editions Galilée, p.92
2 – Paris danse d’auteurs aux Nouvelles éditions Scala

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Paris danses d’auteurs

Les 20 ans du festival Faits d’hiver


Plus qu’une simple liste, construit à partir de
27 témoignages relatant 26 soirées de Faits d’hiver depuis sa création en 1999, le livre appelle les souvenirs de ces spectateurs professionnels ou pas, jouant de leur mémoire partielle, précise, sautillante, parfois rêvée, des spectacles, des corps en scène… Il s’y tisse une réflexion sur ce qui fait la danse dans le temps, sur sa prétendue allégeance à l’éphémère.
De plus, bien rythmé de nombreuses photographies, l’ouvrage distille 26 encadrés qui sont autant de rebonds vers des thématiques générales de la danse contemporaine : quels formats des spectacles, quid de la narration, quelle influence japonaise, la musique en direct, l’aspect sociologique, la présence des amateurs, la composition chorégraphique…
Enfin, le festival se dessine dans son orientation géographique, un festival de danse à Paris, à la rencontre de nombreux partenaires de diffusion (35 !), ses choix artistiques, son ampleur et son développement (183 chorégraphes accueillis). Le titre Paris danses d’auteurs concrétise aussi l’engagement de Faits d’hiver à défendre une danse signée, composée, originale : pari danses d’auteurs.
Livre édité par les Nouvelles éditions Scala et micadanses.
160 pages. | Disponible à la vente à partir de mi-novembre (25 €)

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